Charlie Hebdo : les raisons de la "faible" mobilisation à Marseille
MANIFESTATION – Entre 80 000 et 90 000 personnes se sont mobilisées en deux jours à Marseille pour rendre hommage aux victimes de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher. Des chiffres très en deçà des autres villes de France comme à Lyon où 300 000 personnes se sont réunies.
Entre 80.000 et 90.000 personnes se sont tout de même mobilisées si l'on additionne les deux journées de manifestation.
La polémique semble futile à la lumière des événements dramatiques de la semaine dernière, mais elle pose questions. Entre 80 000 et 90 000 personnes se sont mobilisées ce week-end à Marseille pour rendre hommage aux victimes de Charlie Hebdo et de l’Hyper Cacher.
Des chiffres très en deçà des autres villes de France comme à Lyon où 300 000 personnes se sont réunies. "Je le relève, je ne l’analyse pas", indique le préfet de police des Bouches-du-Rhône, Jean-Paul Bonnetain, espérant que ce chiffre "ne dise pas tout". Tâchons toutefois de trouver une explication.
Deux manifestations
La première raison, évidente, tient dans l’organisation de l’événement. A Marseille, pas un, mais deux rassemblements ont été organisés. Le premier samedi à l’appel de la Ligue des droits de l’homme, de la Licra et des Partis de gauche. Le deuxième, déclaré en préfecture par des citoyens, a été relayé par différents élus du conseil municipal.
Résultat, une joyeuse pagaille pour les Marseillais qui doutaient de la date du rassemblement. "Mais ce n’est pas demain ?" se demandait samedi une commerçante du cours Julien voyant des dizaines et des dizaines de personnes se rendant sur le Vieux-Port. "Tant pis, moi je ferais les deux", confiait un lycéen, perplexe sur les deux jours prévus.
Un effet Marine Le Pen ?
Ça a été l’une des rumeurs du week-end. Viendra, viendra pas ? La présidente du Front national a été annoncée un moment durant le week-end sur le Vieux-Port. Une nouvelle qui a tempéré les envies de manifestation de certains Marseillais croisés à la sortie de la mosquée Bilal à Marseille.
"Ça peut éventuellement poser problème pour certains", confiait le secrétaire général du lieu de culte Moussa Koité. "Si elle vient, moi je n’y vais pas", affirmait l’un des fidèles croisé à la sortie du prêche. Une simple rumeur au final. Marine Le Pen a participé dimanche au rassemblement à Beaucaire dans le Gard.
Une ville coupée en deux
C’est l’une des explications avancées par le sociologue et professeur à l’Institut d’Etudes Politique d’Aix-en-Provence, Raphaël Liogier. "La division de l’espace géoculturel entre le nord et le sud de la ville peut expliquer le nombre de personnes rassemblées sur le Vieux-Port", nous explique-t-il.
"Certains Marseillais du nord de la ville ont peut-être eu du mal à se reconnaître dans un mouvement avant tout relayé par les classes plus aisées du centre-ville", ajoute-t-il. Mais les gens des quartiers plus huppés se seraient également moins déplacés en raison de craintes pour leur sécurité souligne le sociologue. Une méfiance renforcée, selon lui, par le parcours du rassemblement passant par des quartiers paupérisés dans le secteur de la Canebière.